lundi, juillet 15, 2019

Machinalement

À observer de haut, les passagers (de haut parce que ce TER archi bondé m'oblige à être debout dans le couloir, les jambes coincées entre les bagages), je me demande si les smartphones ne deviennent pas des extensions du cerveau ou de la main.

Une main se réveille et saisit l'objet comme si le cerveau n'avait pas encore commandé ce geste, comme un geste compulsif. Puis le pouce fait défiler des écrans : des applications, pour voir s'il n'y a pas de nouveau message, de nouvelle notification ; des contacts, pour chercher à qui en envoyer un, juste comme ça ; des photos, que l'on regarde même si on les connaît par coeur, plutôt que de faire défiler des souvenirs les yeux fermés.

La main le repose. Et puis quoi... Trois minutes ? Une minute ? Trente secondes plus tard ? Le reprend et répète les mêmes gestes, comme une addiction, comme un fumeur qui grille sa clope sauf qu'une fois terminée le fumeur passe à autre chose tandis qu'avec un téléphone il n'y a pas de fin, il n'y a qu'une faim insatiable.

Le paysage défile, avec ses montagnes, ses gares, ses nuages, arbres, ombres... Et machinalement, la main repose, puis reprend, puis consulte, puis repose cette machine... Dans "machinalement", il y a "machine", d'ailleurs.

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