jeudi, février 23, 2017

Rien sous la dent

Difficile de trouver quelque chose à se mettre sous la dent aujourd'hui, à la recherche d'un petit rien poétique.

Rien d'offert par cette nouvelle réunion de boulot, par une météo ventée mais pas de quoi se vanter,  par ces visages inconnus mais si familiers, par ce bitume labouré sous le poids des véhicules, par le métro...

Le métro, surtout, avec la même sonnerie à chaque fermeture de porte, cette même voix qui, été comme hiver et nuit et jour, passe en revue les sempiternels noms des stations avec le même ton de voix numérisée, quel que soit la rame, voix indigeste, qui rend fou du temps qui passe ou qui au contraire s'est figé.

Difficile de trouver quelque chose à se mettre sous la dent, cerné par ces sons répétitifs que je n'arrive plus à supporter : répétitions uniformes de ces noms de stations, répétitions de ces sonneries de portes et de téléphones, de ces bruitages informatiques, de ces voix d'ascenseur, de cette voix annonçant les horaires des trains, de ces publicités, de ces génériques... Répétitions de ces goûts de crèmes brûlées, de sauces toutes prêtes, de steaks tartares industriels servis au resto, de ces compotes sous vide.
...


Où sont ces rames de métros où la sonnerie sensible tantôt vacille timidement, tantôt monte dans les aigus ?
Où sont ces mayos maison tantôt pas très montées, tantôt juste impec ?

Où sont rangés toutes ces choses, tous ces gens, toutes ces images, ces musiques, ces goûts que l'on aime tantôt un peu, tantôt beaucoup, tantôt passionnément, nuançant les "LIKE" et "DISLIKE" ?

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