Tel l'habitué du bus, qui prend tous les jours la même ligne, environ à la même heure, et qui s'assied systématiquement à la même place. Par réflexe ? par habitude ? par certitude ?
A partir de quand c'est "ma place" ?
Telle cette grand-mère qui est venue des dizaines et des dizaines de fois jusqu'à ce banc à l'angle du quai, pour y contempler sous des cieux plus ou moins cléments l'horizon de l'océan.
Une telle place se partage t-elle ?
Tels ces stagiaires qui, dès le 2e jour de formation, ne comprendraient pas qu'on prenne leur place.
Quel désarroi lorsqu'elle est occupée !
Comme ces étudiants, toujours à l'extrémité du banc, aux deux-tiers de l'amphi.
Pourquoi ce besoin de s'y retrouver ?
Dans ces petits restos de quartiers, on saisit d'un coup d'oeil les deux ou trois clients réguliers qui sont assis là où ils doivent l'être.
Et si le lieu change de lui-même ? Qu'il y a des travaux ? Que le bus est différent ?
Tel ce monsieur qui est toujours assis sur ce bout de banc.
Quoi de mieux que ces endroits précis pour offrir à chacun un point de vue fixe sur la vie qui passe ?
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