lundi, novembre 16, 2009

réalité

ENVIRONNEMENT : bus
DATE : 16 novembre
HEURE : 09H43
LIEU : Capitale européenne

L'environnement immédiat m'échappait peu à peu. Bercé par la navette, je plongeais dans une demi-somnolence...

Comme reconnecté à une autre réalité, je me mis à voir des bouches sévères, sans sentiment, déshumanisées. Les regards me semblent vide, juste mécaniques ? Un clignement d'oeil ; comme un bug, les têtes bougent de façon aléatoire et saccadées. L'un analyse un journal de programmes, une autre scrute d'un regard terne l'environnement extérieur en un balayage systématique et vide d'émotions. Un boîtier électronique est relié aux oreilles d'une autre, elle paraît être en mode « veille ». L'une scrute l'intérieur de la navette de façon très concentrée et avec une infinie lenteur, comme si elle voyait l'invisible. Quelques-uns recherchent... ou centralisent des informations sur des claviers luminescents. Un autre fouille dans une sacoche ; témoignant de son intelligence et de son habileté, il en sort le document certainement attendu qu'il se met à analyser consciencieusement.

J'observe chaque mouvement, chaque regard, qui fait la mise au point sur un objet, sur un geste, ou encore sur moi. Peu à peu je comprend que je suis cerné... d'humanoïdes. Des mouvements de tête lents, des gestes réduits au minimum, ils sont là devant moi chacun accomplissant sa tâche.

Un nouvel humanoïde nous rejoint et cherche à se placer, créant un chaos de petits mouvements, déplacements, regards qui se télescopent, comme si chacun avait décroché de sa tâche quelques nanosecondes pour aussitôt replonger dans leurs missions respectives dont les desseins m'échappent encore. L'une donne des instructions orales via un mini-clavier. L'humanoïde toute noire avec des écrans devant les yeux croise mon regard un bref instant. J'ai peur d'être démasqué. Un autre range son document puis me regarde avec insistance. Je sens sa présence sur moi, je n'ose plus l'épier. La peur m'envahit. Subitement. Et si touts arrivaient à communiquer sans que je ne m'en aperçoive...

La navette stoppe, je m'apprête à descendre. Les gestes deviennent plus étranges, incohérents, dénués de sens... l'un se gratte, l'autre se frotte le nez, croise les jambes ou se regarde les ongles. Dans la rue, ça se bouscule, les uns traversent la voie alors que les véhicules déboulent à grande vitesse, un autre mâche un chewing-gum, un autre jette un papier au sol... ... je suis sauvé... la vie est bien là.

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