"Il regardait défiler devant lui sur ce
grand écran d'ordinateur. Les images défilaient de façon
aléatoire, tantôt mélangées par 3 ou 4, tantôt 1 seule grande
image. Des pays, des paysages, beaucoup de paysages. Parfois des
détails du sol, d'un réseau de racines par exemple. Parmi les
nombreux portraits et photos d'amis ou de famille, il y a ceux qui
sont encore là, mais qui ont grandi ou vieilli, ceux qu'il n'a plus
jamais croisé, ceux qui sont morts.Des gens dont il se souvient
toujours, contrairement à certains lieux qui lui échappent parfois.
Et des portrait de lui, récents, qui datent, des photos de photos
de lui enfant, prises avec son téléphone lorsqu'il triait les
paquets de photos papier encombrant les placards chez sa mère. Il y
voit aussi toutes ces photos si banales, d'un « rien »,
une flèche au sol, des fils électriques, une barrière orange et
bleue... Tant et tant de « déclics» sur ces choses qui nous
entourent et que l'on regarde si peu, vraiment. Et puis ces photos
ratées, mais qui ont une vibration particulière, qui l'émeuvent.
Même si la plupart sont des photos, un grand nombre de dessins ou de
collages photographiés ou mieux numérisés défilaient
également lentement sur l'écran : un crobard rapide sur une
nappe en papier, une page d'un carnet de voyage au bout du monde, des
coupures de journaux collées et gribouillées, quelques lignes
écrites autour d'une tâche de thé, des papiers, sachets de sucre,
additions dans une langue étrangère, tickets d'entrée d'un
temple... Tous marquant avec une implacable précision la date
précise de ces moments lointains et constituant avec le reste cette
immense bibliothèque des choses vues de sa vie."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire