6H00
La sonnerie
électronique me sort d’un coup de mon profond sommeil, volume quasiment au maximum
pour avoir la certitude d’être réveillé.
Bruits
d’eau : chasse d’eau, douche, bouilloire, thé qui infuse, robinet, chasse d’eau.
KRGANG KRANG
- Verrou fermé à double tour. J’attends l’ascenseur. Porte qui claque. Les
étages défilent au son métallique des paliers. La rue, enfin : 6 voitures,
2 camions, 3 motos.
L’aperçois
le gardien sur le trottoir d’en face :
«- Bonjour !
- Bonjour ! »
Plongée en
sous-sol et ses machines sans âme, machines bruyantes, machines vibrantes,
usantes, criantes, harassantes.
La rame traverse
les tunnels dans un vacarme de portes qui vibrent, de crissements aigus des
freinages intempestifs, de décibels de trop pour les sonneries des portes.
Impensable de ne pas subir la voix répétitive préenregistrée annonçant chaque
station (je crève d’envie de les enregistrer et de les mixer dans un ordre
aléatoire).
A
l’intérieur, les gens se bousculent sans élégance, s’enjambent sans tact, se
compressent sans retenue. Les strapontins claquent quand une personne se décide
à laisser un peu de place. Claquent les portes, les pas, les tourniquets.
Puis me
voilà dans le grand hall de la gare centrale.
Annonce des
quais des horaires des voitures, toujours cette même voix d’infos amalgamées,
ce même timbre de ‘Madame trains’ vomie en continu de par les gares, les quais,
les chiottes du réseau.
Vacarme à
nouveau, assourdissant, des motrices des trains rapides, vrombissements des
machines en surchauffe, jets de pression, longs coups de freins stridents qui
vrillent les tympans.
La horde de
voyageurs se rue vers les wagons mais chacun y va de son chemin : accrochage
de valises, charriots, gamins, gens pressés et pas pressés, odeur de tabac, couloirs
étroits des voitures, sacs qui s’entassent…
« Bonjour ! Vos billets s’il vous
plaît ? »
Enfin une
voix.
Mes oreilles
se relâchent. Elles ne sont sûrement pas faites pour entendre autre chose que
le son d’une voix.
Enfin une voix,
un autre gardien de la parole.
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